Finalité de l’entreprise, relation à
l’environnement, responsabilité, critique des modèles de gestion... Les
angles morts sont nombreux.
Quelle
est la nature de ce qu’un cadre doit savoir pour bien faire son travail
et remplir correctement ses fonctions ? Et d’abord, manager une équipe,
est-ce un art, une science ou un savoir-faire ? Peut-être tout cela en
même temps. C’est un art, dans la mesure où le management revêt une
dimension créative, innovante, visionnaire même diront certains. C’est
aussi une science, dans la mesure où le management participe d’une
pensée analytique et est partie intégrante d’activités très marquées par
l’univers technoscientifique. Et c’est enfin un savoir-faire pratique,
car il se fonde sur l’expérience et s’enrichit continuellement par la
pratique. Cette compétence managériale multi-facettes est-elle
actuellement enseignée dans les cursus des universités et des grandes
écoles ? Rien n’est moins sûr. Il me semble qu’on prépare – assez bien –
les futurs cadres à devenir dirigeants d’entreprise, mais qu’on ne les
forme guère à assumer des fonctions de manager.
La formation continue emboite le pas de la formation initiale
Parmi
ces savoirs théoriques, il y a des matières techniques, des disciplines
bien identifiées qui constituent la panoplie de la gestion au sens
large : droit, comptabilité, finances, mathématiques et statistiques,
systèmes d’information, marketing, psycho- sociologie, etc. Il y a
aussi les techniques proposées pour affronter des situations précises de
travail : savoir s’exprimer, savoir écrire, savoir rapporter, savoir
animer une réunion, écouter ses collaborateurs, ses clients, savoir
affronter les conflits, gérer les tensions, etc. Mais tout cela doit
être complété par une solide culture générale et par un accès aux
sciences humaines au sens large (économie, sociologie, psychosociologie,
sciences politiques, voire littérature).
Toute
la question est de savoir comment la formation, initiale et continue,
peut préparer au mieux à cette réflexivité, ce travail sur soi des
cadres en activité. Force est de constater que cet objectif n’est pas
considéré aujourd’hui comme prioritaire dans la plupart des universités
et des grandes écoles. Il s’ensuit de graves lacunes : les cursus de
formation initiale n’incluent guère de questionnement sur la finalité de
l’entreprise ou du service public, sur la relation à l’environnement et
à l’ensemble des parties prenantes, sur la responsabilité
professionnelle des managers, pas plus qu’ils ne proposent aux étudiants
un recul critique sur les modèles de gestion et de management les plus
répandus. Et les programmes de formation continue, sauf exception, leur
emboîtent le pas .
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