La crise rend inacceptables des modes de management et de gestion



La coupure entre cadres et direction consommée, la place du cadre malmenée : c’est l’entreprise en tant que metteur en scène du travail et des responsabilités qui est questionnée
Si les différents secteurs de l’économie sont très diversement touchés par le retournement de conjoncture depuis un an, la crise a confirmé, voire renforcé des mutations à l’œuvre depuis plusieurs années. Politiques de gestion, réorganisations, reporting permanent… les cadres font face comme les autres salariés à une organisation de plus en plus inadaptée du travail. Un changement majeur est à l’œuvre : une césure marquée entre le top management et le management de proximité. Sans visibilité sur la stratégie ni sur l’avenir, les cadres ressentent et dénoncent la rigidité d’une gouvernance lointaine, top-down, essentiellement tournée vers le court terme et l’actionnaire. Une gouvernance qui se préoccupe peu des métiers et des compétences.

La crise exacerbe ainsi un management par les résultats (financiers) et non par les objectifs (de travail), d’une valorisation du reporting aux dépens de l’initiative, d’une réorganisation permanente qui génère stress, mal-être ou retrait. A la fois salariés managés comme tous leurs collègues et relais dans leur structure, les cadres sont pénalisés quand ils osent alerter ou dénoncer ces faiblesses. Désormais, ils posent des questions sur leur mission, sur le périmètre de leur responsabilité et de leur autonomie.

La coupure entre cadres et direction consommée, la place du cadre malmenée : c’est l’entreprise en tant que metteur en scène du travail et des responsabilités qui est questionnée. Cette crise rend encore plus inacceptables des modes de management et de gestion standardisés, déshumanisés. Elle contribue à mettre à jour les défaillances des directions générales et d’un système global de gouvernance. Le fameux malaise des cadres dévoile une crise de l’entreprise. L’enjeu pour l’avenir est bien de repenser le management en termes de responsabilité, de valorisation des compétences, des métiers, et d’équipement collectif des individus.

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