CFDT Cadres | par Jean-Paul Bouchet
On ne peut imaginer un autre modèle de développement sans un autre modèle de management.
Si
économie de la qualité rime avec qualité des produits et services,
qualité de la relation de service, qualité de la recherche et de
l’innovation, qualité des procédés de fabrication, qualité des
conditions du travail pour produire les biens et services, mais aussi
des conditions d’apprentissage tout au long de la vie pour développer
ses compétences, qualité des relations professionnelles et qualité du
dialogue social ; si économie de la qualité rime avec respect de
l’environnement et d’un développement soutenable, prenant soin de
l’ensemble des ressources, alors la réponse à la première question ne
fait plus aucun doute, il faut changer de modèle de gouvernance, de
modèle de management dans les entreprises et les administrations.
Pourquoi ?
Parce que la responsabilité sociale et
environnementale des organisations est encore loin d’être une réalité,
parce que la redistribution de la valeur ajoutée ne profite pas à tous
les acteurs de la chaîne de production et sert encore prioritairement
les apporteurs de capitaux et pas de travail, parce que le management
reste très hiérarchique et top-down, et non l’inverse, parce que la
rationalité gestionnaire, financière ou comptable par la seule réduction
des effectifs ou des coûts, et en particulier ceux du travail, prévaut
encore sur toute autre forme de rationalité et de finalité de l’activité
pour le bénéficiaire final, client ou usager, citoyen-consommateur.
Alors, que proposer, quelles alternatives économiques et sociales, un
autre management est-il possible ?
Plus de jeu collectif entre
les différents acteurs, parties prenantes, plus de coopération et moins
de compétition exacerbée, qui joue contre la performance globale de
l’entreprise ou de l’administration. Plus de reconnaissance de celles et
ceux qui font le travail au quotidien, qui l’organisent dans leur
fonction d’encadrement, s’investissent pour plus de qualité de service
au public et moins d’ignorance, voire de mépris. Plus d’écoute et de
prise en compte de leur parole sur le travail, l’activité, les
compétences pour porter cette parole dans les lieux de décision où elle
est cruellement absente trop souvent et moins de tableaux de bord avant
tout destinés à rassurer ceux qui ne s’intéressent pas au travail mais
seulement aux résultats de celui-ci, ou qui en sont très loin. Plus
d’autonomie professionnelle (et donc des conditions négociées de cette
autonomie, de cet appui professionnel) pour se former, se qualifier,
développer ses compétences, et moins de gâchis de compétences, de mises
au placard, de fuite de responsabilité sur le devenir de chacun en
matière d’emploi, de parcours professionnel. Plus d’équité et de
transparence dans la redistribution de la valeur ajoutée vers les
salariés, l’entreprise de salariés, sa pérennité, et moins vers la
société de capital et ses actionnaires. Plus de participation des
agents, des salariés et de leurs représentants à la prise de décisions
dont les conséquences les concernent en premier lieu et moins de
centralisation des pouvoirs entre les mains de quelques-uns bien peu
soucieux de l’intérêt général et d’un développement soutenable.
Le
chantier peut sembler colossal. Nous ne pourrons en faire l’économie.
Un chantier déjà engagé dans nos travaux sur la gouvernance ou sur le
management, en lien avec l’Observatoire des cadres. Faisons la
démonstration avec la CFDT, forte d’adhérents cadres toujours plus
nombreux, qu’un autre management est possible pour une économie de la
qualité.